EDM – Vous êtes jeune, chef d’entreprise renommé dans le département et nouveau président de l’UPE 06, quelle est votre histoire ?
Pierre Ippolito – J’ai vécu dans un milieu très proche de l’entreprise. Mon grand père a créé la sienne en 1968, c’était toute sa vie, alors j’ai baigné là dedans. A 3 ans, je distribuais les cadeaux de Noël aux employés. A cette époque, il n’y avait pas de comité d’entreprise, c’était la famille qui offrait les paniers. Ma grand-mère allait faire les courses, elle préparait les paniers et je les distribuais aux collaborateurs. On voyait l’entreprise comme une partie de la vie de notre famille. Ce n’était pas un lieu pour travailler, pour faire de l’argent, où l’on devait aller par contrainte, c’était un lieu qui faisait partie inhérente de mon environnement familial et de mon éducation, et je l’ai très bien vécu. Je n’en conserve que de bons souvenirs. Alors quand j’ai grandi, il m’est apparu tout à fait normal de pouvoir reprendre l’entreprise familiale et essayer d’y apporter quelque chose. J’ai construit mon parcours scolaire en fonction de cet objectif, pour acquérir les compétences en gestion et en finance nécessaires pour piloter une entreprise. A côté des mes études de commerce, j’ai suivi également un CAP mécanique par correspondance pour savoir comment ça fonctionne et j’ai le permis poids lourd, je conduisais des camions. Je suis entré dans l’entreprise familiale à 22 ans, à l’issue de mes études, avec l’envie d’apporter ma touche. Je ne savais pas ce que j’allais apporter au début mais ça s’est fait assez naturellement, en créant de nouveaux services tout en respectant l’historique de l’entreprise. Nous avions déjà une culture très proche du territoire, du service client. J’ai amené des services associés autour de notre métier historique de concessionnaire camions.
La vision de l’entreprise a-t-elle changé au fil du temps ?
Autrefois, il existait un sentiment familial fort des collaborateurs vers la tête. Il existait un attachement au chef d’entreprise intuitu personae. Aujourd’hui, c’est moins vrai. Tout le monde est attaché à l’entreprise, au sens, au bien-être dans l’entreprise, mais pas à titre personnel. Les collaborateurs ne sont pas attachés au dirigeant, c’est une révolution. Autrefois on était attaché au patron, aujourd’hui on est attaché au discours et aux actes du patron. C’est un changement culturel. J’ai essayé de conserver une relation personnelle avec mes collaborateurs mais ce n’est plus leur demande. Leur demande, c’est : quel est le sens de l’entreprise, quel est le sens de leur travail, qu’est- ce que fait l’entreprise. Je parle bien sûr des entreprises familiales. Le critère familial n’est plus celui qui motive le choix du collaborateur. C’est le critère des décisions qui prévaut. Autrefois, le chef d’entreprise bénéficiait de la connaissance sociétale. Aujourd’hui, l’accès à l’information permet à tout le monde de détenir cette connaissance. Autrefois, un mécanicien qui cherchait une information allait voir son patron. Aujourd’hui il va sur Google. Aujourd’hui le patron est attendu sur d’autres rôles. Nous devons nous positionner dans une relation de sens et d’action.
A la tête de l’entreprise familiale, vous avez également développé de nouvelles activités. Souhaitiez-vous laisser votre empreinte ?
J’ai adopté une approche de diversification horizontale et verticale, puis une diversification conglomérat en sortant de notre seul secteur automobile pour aller toucher d’autres métiers, mais toujours en restant proche de notre territoire. C’est un parcours assez classique pour un entrepreneur familial, avec l’envie de créer de la valeur pour le territoire. C’est la motivation. Notre moteur n’a jamais été financier. Je respecte ceux qui ont une motivation financière, ça fonctionne aussi, mais moi, je suis né avec suffisamment pour vivre, donc j’ai estimé que si nous voulions continuer à rester motivés et passionnés, et à mon sens il le faut, nous devions créer de la valeur et des emplois, de nouvelles entreprises, pour faire avancer notre écosystème.
Avez-vous le sentiment d’avoir atteint vos objectifs ?
On me dit souvent que j’ai réussi, que je pourrais arrêter, mais à 34 ans, j’estime que je ne sais pas si j’ai réussi. C’est plus tard, dans 20 ou 30 ans, en regardant dans le rétroviseur, que je saurai si j’ai réussi ou pas mon aventure entrepreunariale. Si dans 5 ou 10 ans, nous devions arrêter notre activité pour une raison ou une autre, cela signifierait que je n’ai pas réussi. Je pense que tous les entrepreneurs devraient se projeter à long terme. C’est à la fin qu’on compte les points. Certes, c’est une vision frustrante, mais qui pousse à aller de l’avant.
Et je pense que notre environnement économique et social doit nous pousser à aller de l’avant. C’est le rôle d’un entrepreneur, quelle que soit la taille de son entreprise, même avec 1 ou 2 salariés, de tirer avec lui toute une équipe vers quelque chose qui les dépasse. Si tout le monde fait ça sur notre territoire des Alpes-Maritimes et au delà, en France, tout le monde avancera dans un cercle vertueux. Lorsqu’on évoque les 30 Glorieuses, on parle d’une époque qui a connu des croissances économiques, et ce sont ces croissances économiques qui ont apporté des croissances sociales, directes ou indirectes, parce que la croissance économique, ça crée de la richesse à redistribuer. Je pense que nous pouvons recréer un cercle vertueux parce que nous avons des dirigeants passionnés.
Un cercle vertueux, c’est-à-dire ?
On parle beaucoup de donner du sens. Je pense que le dirigeant doit donner du sens, mais je pense aussi qu’il doit avoir du sens pour sa mission à lui. Il doit être motivé. Une entreprise n’a pas pour seule utilité de faire du résultat, elle a aussi un rôle social. D’ailleurs, contrairement à ce que l’on imagine et à ce que relaient parfois les médias, les résultats ne servent pas à payer des dividendes, mais d’abord à investir soit pour ses collaborateurs, soit dans du matériel, soit dans son développement. La réalité elle est là : une entreprise a besoin de faire du résultat pas pour enrichir ses dirigeants et ses actionnaires, mais pour se développer. On l’oublie trop souvent. Il faut clarifier le discours à ce niveau là. L’argent et le résultat ne doivent pas être tabous, ils sont nécessaires pour assurer le développement de l’entreprise. Il y a là un vrai travail pédagogique à réaliser avec toutes les parties prenantes et ça se passe très bien quand on l’explique. Lorsqu’un dirigeant prend le temps d’expliquer sa stratégie d’entreprise à ses collaborateurs, aux représentants du personnel, aux syndicats, ça fonctionne. Quand on explique, tout le monde adhère. La véritable valeur, ce n’est pas l’augmentation des salaires. Il faut le faire mais la vraie valeur, elle se situe dans les capacités de l’entreprise à se développer pour créer son propre environnement économique, qui bénéficiera à l’entreprise, à ses collaborateurs et au territoire.
Le contexte, notamment avec la perspective d’une nouvelle crise, elle-même génératrice de possibles mouvements sociaux, est-il vraiment au dialogue ?
Si on veut éviter une crise sociale, il faut apporter de la sérénité dans l’entreprise. On a vu que les collaborateurs qui bénéficiaient d’un bon climat social n’étaient pas dans la rue. Les Gilets Jaunes comptaient peu de collaborateurs du privé. Il y avait des indépendants, des fonctionnaires, des professions libérales, mais peu de salariés du privé. Parce que ceux là savaient que ce qui se passait pénalisait les entreprises. Lorsqu’il y a des manifestations, les premiers qui en subissent les conséquences, ce sont les entreprises. On entre dans un cercle qui n’est pas vertueux économiquement, une partie de l’économie est à l’arrêt, notamment les commerces et les restaurateurs. Et le premier qui en pâtit, c’est le salarié du privé. Alors soit on laisse le système exploser, et on se retrouve comme au lendemain d’une guerre, soit on pousse les entreprises. L’entreprise est là pour prendre ses responsabilités. Si on nous en demande plus, pas de souci, mais il faut que ceux qui nous le demandent prennent conscience de ce que cela représente et nous laissent du temps pour le faire. Aujourd’hui, les règles fiscales changent tous les ans, la législation des normes et du travail change tous les deux ans, c’est catastrophique ! Si le dirigeant ne dispose pas d’une feuille de route sereine, il s’épuise. Nous avons aujourd’hui de plus en plus de chefs d’entreprise fatigués et on n’en parle pas. Quand on est face à des nouvelles générations plus difficiles à manager, quand le travail n’est plus valorisé, quand certains préfèrent ne pas travailler parce que économiquement ils s’en sortent quand même, c’est un problème. Il y a là un vrai sujet sociétal : remettre l’entreprise au milieu du débat.
Bruno Le Maire nous dit que la première préoccupation c’est le pouvoir d’achat, et ensuite le travail. Mais c’est le contraire, le pouvoir d’achat découle du travail. Certes, politiquement c’est inaudible, mais c’est la réalité. C’est donc aux chefs d’entreprise de tenir ce discours et de demander de valoriser le travail. Certes, cela va créer un écart entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas, mais n’est-ce pas l’écart le plus juste ? Politiquement, c’est difficile à accepter, mais n’est-ce pas plus juste de valoriser ceux qui travaillent ? Parce qu’aujourd’hui, celui qui veut travailler peut le faire. Est-il plus juste de valoriser ce travail là, en baissant les charges, en valorisant les salaires, ou d’appauvrir le travailleur au bénéfice de celui qui ne travaille pas et décourager ceux qui travaillent ? On l’a vu avec Edouard Philippe pendant le Covid, il disait “je ne sais pas“. Un politique qui dit “je ne sais pas” est valorisé. On ne leur demande pas de tout savoir, on leur demande de dire la vérité. Les politiques doivent savoir dire ce qui ne fait pas toujours plaisir, mais qui est honnête et transparent. Quand on explique aux gens qu’il y a 2 millions de chômeurs alors que toutes les entreprises cherchent à recruter, il y a un problème. Il faut le dire. Ce ne sont pas les entreprises qui sont dures dans le recrutement, ce sont les formations qui sont inadaptées. Le monde éducatif est à la traîne par rapport au monde de l’entreprise. Autrefois, on formait des philosophes, c’était très bien, mais maintenant on ne les forme même plus mais on ne les forme pas non plus au monde de l’entreprise. Je pose la question : on forme à quoi ? 90% des jeunes sont formés pour autre chose que pour travailler en entreprise. Ils sont destinés à des études supérieures. Pourquoi pas ? Mais si on demande à un étudiant pourquoi il va à l’école, au collège, au lycée, 9 sur 10 ne savent pas pourquoi. Pour avoir le bac, bon, mais ça va leur servir à quoi ? Ce n’est pas le domaine de l’entreprise, mais l’entreprise peut aussi prendre ses responsabilités et dire : nous on va expliquer ce qu’est le travail. Mais pour cela, il faut que le monde éducatif nous ouvre les portes. Nous allons le faire avec l’université Nice Côte d’Azur, avec des écoles privées, mais j’aimerais pouvoir le faire déjà dans les collèges et les lycées. Le rectorat accepte cette vision mais ensuite chaque chef d’établissement est libre d’appliquer ou pas, or ce sont des contraintes, des changements, c’est long. Il faudrait que ça parte d’en haut. Il faudrait que nous, les entreprises, nous puissions imaginer des laboratoires et si ça fonctionne, à un moment donné, que des responsables politiques disent : il existe ce dispositif dans les Alpes-Maritimes, nous, avec le Medef, avec la CPME, nous allons le transcrire au niveau national, et que tel dispositif devienne un standard national.
Les politiques ne vont-ils récupérer le succès de votre travail ?
Moi ça me va. Les politiques doivent comprendre que nous ne sommes pas des concurrents. Nous ne cherchons pas prendre le leadership. ça ne me dérange pas que mes idées soient reprises par les politiques parce que c’est dans l’intérêt de notre territoire. Je pense que le nouvel état d’esprit des entrepreneurs, c ‘est juste vouloir que les choses changent et pour cela, il faut que les politiques s’emparent de nos idées.
Avez-vous déjà une écoute à ce niveau ?
Oui. Dès cet été je vais rencontrer tous les présidents des communautés de communes du département, le président du Conseil départemental, des députés, les rendez-vous sont déjà calés. Et je leur tiendrai le même discours. Ils sont demandeurs. Lorsqu’on argumente, ils le comprennent et ils acceptent d’entendre ce qu’on leur dit. Lorsque le politique est dans l’erreur, il faut le lui dire parce que sinon il ne le sait pas. L’idée, c’est de voir avec les politiques comment ils peuvent se servir de l’UPE, de notre association, de notre mouvement, de nos moyens, de notre représentation pour faire évoluer les choses. Les politiques étaient proches du monde économique lorsqu’ils n’avaient de services économiques propres. Ils écoutaient la CCI ou les représentants comme l’UPE. Depuis 20 ans, ils ont créé des services économiques et ils ont dédié des élus, mais du coup ils se retrouvent en vase clos, ils se créent leur propre contenu sans en discuter avec nos institutions économiques, qui se trouvent devant le fait accompli. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de supprimer les services économiques, mais de travailler avec eux pour construire un programme économique avec par exemple dix propositions, et ce sera au politique de choisir lesquelles il veut mettre en oeuvre. Je pense que la clé du succès est là et les politiques le comprennent. Ils sont dans l’attente car ils ont bien vu que ça n’avance pas comme ils le voulaient.
Les médias ne parlent que des start up et des licornes. Quid des PME ?
Notre tissu économique, ce sont les TPE et les PME, pas les licornes, même pas les ETI. Je crois que nous avons une licorne sur notre territoire mais son siège est ailleurs. Notre tissu, c’est 90% de TPE-PME : nous devons parler de celles-ci, nous devons parler de ce que nous représentons. L’un des rôles de l’UPE consistera à nouer des partenariats avec les médias pour créer du contenu et peser sur les lignes éditoriales d’une manière ou d’une autre. Il existe une appétence pour l’économie réelle. Il faut dépasser le plaisir de parler des grosses boîtes. Jean-Pierre Pernaut l’avait très bien compris mais personne n’a surfé dessus. Il faudrait parler tous les jours des acteurs économiques. Pas forcément longtemps mais tous les jours. Et nous, l’UPE, nous pouvons guider les médias vers les entreprises qui ont du sens pour le territoire, pas seulement des niches qui font rêver. C’est bien de parler des vitrines mais il faut parler de la réalité, des difficultés que rencontrent les entreprises, valoriser le travail, faire parler les salariés. Mettre en lumière les bonnes pratiques du point de vue sociétal : la transition écologique, le bien-être au travail… Et on verra que chacun agit à son niveau.
Il faut aussi arrêter de parler de chiffre d’affaires, qui ne signifie rien pour le public de l’information généraliste. Il faut parler en nombre d’employés, ça a une signification. Il faut cependant pousser les entreprises qui se développent localement à investir au-delà du territoire des Alpes-Maritimes, pour devenir précisément des ETI. Beaucoup d’entreprises n’ont pas osé le faire, et après elles se font racheter par un gros groupe. Il faut savoir franchir les frontières de son territoire. C’est ce qui manque dans notre territoire. Mon entreprise n’aurait pas pu réussir sa diversification si nous n’étions pas sortis du territoire de Alpes Maritimes.
Quelles sont vos objectifs avec l’UPE, et comment allez-vous les articuler avec la CCI ?
La CCI et l’UPE ont des fonctionnements et des missions différents. Je considère que l’UPE doit être force de proposition, et c’est à la CCI de se greffer et de voir comment elle peut apporter sa vision et ses moyens au service du territoire. Nous avons des modes de fonctionnement différents mais nous sommes aligné sur les mêmes objectifs. Nous allons donc forcément nous rejoindre. l’UPE doit apporter des projets, créer des structures pour les mettre en oeuvre, et la CCI se greffera dessus. La CCI est un service de l’Etat, elle a des fonctions régaliennes qui ne sont pas les nôtres. L’UPE compte environ 1000 entreprises directement adhérentes, 9000 à travers les syndicats qui sont adhérents, mais l’UPE n’existe pas médiatiquement. Nous vivons en vase clos, et de ce point de vue, il faut reconnaître que nous sommes plutôt performants ! Mais plus sérieusement, l’idée c’est de nous ouvrir à plus d’entreprises. Aujourd’hui, l’UPE, c’est le plus gros club business du département. Plus de 100 événements par an ! Nous sommes les plus performants. Et nous voulons ouvrir ces événements et notre cercle à tous les autres clubs. Par pour nous y substituer mais pour les accompagner. Nous proposons aussi des services aux entreprises : pour les accompagner, les conseiller, les informer. Mais aujourd’hui nous faisons peur. Mais je suis un dirigeant comme les autres, et tout le monde doit le comprendre. Tout le monde a sa place à l’UPE. Il faut que demain, chaque chef d’entreprise sache ce qu’est l’UPE et à quoi elle sert. Nous sommes une sorte de conciergerie pour entreprises. C’est l’un des premiers challenges de mon mandat : communiquer. Et se faire connaître des citoyens. Comme cela, quand le citoyen devient entrepreneur, il nous connaît déjà. Et comme il connaît forcément un autre chef d’entreprise, ils peuvent parler de l’UPE dans leur cercle privé. C’est un véritable changement culturel. Je n’ai pas inventé ce discours, 80% des entreprises le portent. Mais il faut le médiatiser. Il faut aussi savoir sortir du secret. L’entreprise est encore beaucoup dans le secret. Je pense qu’aujourd’hui il faut jouer la transparence. Tout va tellement vite qu’il ne faut pas craindre d’être copié, parce que la réalité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain. Il faut parler à tout le monde.
Le tourisme économique, sur lequel s’est basé historiquement le territoire des Alpes-Maritimes, est-il encore adapté à un contexte de crise économique ?
La notoriété de notre territoire s’est bâtie historiquement sur le tourisme, cette économie reste notre phare et on a vu qu’à la suite du Covid, le rebond a été instantané parce que nous bénéficions d’un territoire unique. C’est notre force. Le monde entier est revenu chez nous. Pour autant, il faut parler des autres branches de notre économie. Nous avons une industrie qui pèse plus d’un quart du PIB du territoire. Nous avons les commerçants, le BTP, de nombreux services autour, tout l’écosystème autour des services numériques, une belle pépite depuis la création de Sophia Antipolis il y a plus de 50 ans. Nous avons les parfums à Grasse, les produits pharmaceutiques et paramédicaux à Carros et Sophia. Nous devons chercher un équilibre entre tourisme, industrie et services. Pas les industries lourdes, mais celles de demain, et le commerce de demain. Par exemple, la concession Mercedes à Cap 3000 est l’une des premières concessions dans un centre commercial. L’UPE regroupe toutes ces branches. Et nous sommes un testeur, un laboratoire pour l’économie de demain. Les crises ne sont jamais anticipées, et on ne peut jamais anticiper leurs conséquences. On ne ressent pas encore celle qui arrive. Pour ma part, je suis optimiste parce que si un entrepreneur n’est pas optimiste, il ne peut pas réussir. J’ai commencé à travailler en 2008, je suis donc un entrepreneur de la crise. Et nous sommes néanmoins parvenus à nous développer. L’humanité a toujours surmonté les crises. Elle surmontera les crises économiques comme elle a surmonté les crises liées à la guerre. Pour prendre l’exemple du Covid, même s’il n’a pas totalement disparu, dans l’esprit des gens c’est de l’histoire ancienne. Nous l’avons surmonté en même pas un an. En période de crise, on se concentre sur l’essentiel, nous ne sommes plus dans la concurrence mais dans la solidarité. Nous cherchons comment nous en sortir ensemble. Je crois que lorsque les conséquence de la crise vont arriver, et je pense qu’elles seront lourdes, nous n’arrivons pas à les imaginer, nous devrons nous mettre autour de la table et nous concentrer sur l’après crise. D’abord, voir comment limiter la casse, ensuite définir quels services nous ont manqué et doivent être créés. A chaque crise, on dit que c’est la plus grande de l’histoire, mais on a oublié celle de 1930. Chaque crise a sa spécificité. Celle du Covid n’est pas plus grande qu’une pénurie alimentaire ou qu’une guerre. Le vocabulaire français est suffisamment varié pour inventer des termes pour mesurer les niveau de crise. Si on n’emploie toujours le même mot, c’est qu’il n’y a pas de crise plus ou moins grave qu’une autre : c’est toujours une crise. Il n’y a pas plus grave qu’une crise à l’instant T. Il faut savoir relativiser et surtout, il faut savoir s’adapter. A condition d’être collectif. L’UPE est un collectif, et collectivement, nous n’avons pas de limite.