La Gazette des Communes a révélé que, selon les chiffres de la DGFIP, la capacité de désendettement de Nice est proche de 53 années ©GautierLaroche
Alors que la semaine dernière, Joseph Segura, Maire de Saint-Laurent-du-Var, dénonçait une mauvaise gestion financière du Conseil Départemental, ce mardi 6 juin, un graphique a fait le tour des comptes Twitter locaux, mettant, cette fois-ci, à mal la politique financière de Nice. En effet, ce dernier, publié par la Gazette des Communes en s’appuyant sur les chiffres de la Direction Générale des Finances Publiques, révèle que Nice a une capacité de désendettement de 52,85 années, suivis de loin par Paris et ses 24,32 années. Ces chiffres ont bien évidemment fait réagir une partie la classe politique niçoise, en commençant par Eric Ciotti. Le Député de la 1ère circonscription et Vice-Président du Département des Alpes-Maritimes a déploré que les alertes qu’il a lancées s’avèrent exactes, bien qu’auparavant, elles aient été “qualifiées de fake news“.
De son côté, le Collectif Citoyen 06 a, ironiquement, demandé qui il fallait remercier pour avoir endetté Nice sur 53 ans. Jean-Christophe Picard a quant à lui souligné que “ce n’est pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme” et que la majorité lui répondait “systématiquement que c’est de la bonne dette“. Enfin, Patrick Allemand a affirmé que lorsqu’il était conseiller municipal et métropolitain de Nice, il n’a “cessé de dénoncer, budget après budget, année après année, l’endettement de la ville“, avant d’ajouté qu’il n’a “cessé de dire que nous allions dans le mur“. Attristé que ses propos n’aient “jamais été pris au sérieux ni relayés“, le Président de Nice au Cœur a constaté que “Nice est la ville la plus endettée de France“. En outre, il a demandé “comment l’État, à travers […] le préfet des Alpes-Maritimes, a-t-il pu laisser faire cela, laisser détruire le TNN, laisser détruire Acropolis alors que nos caisses sont vides pour, en plus ensuite, les reconstruire“. Il a d’ailleurs conclu en exigeant que la ville soit “mise sous tutelle, dans les plus brefs délais“.
Le graphique dont il est question ©LaGazettedesCommunes
Les transports : l’ennemi public des finances
En 2019, la dette de la Ville de Nice et de la Métropole Nice Côte d’Azur s’établissait à hauteur de 2,11 milliards d’euros, alors que de son côté, celle de Toulouse atteignait 1,3 milliard en 2018. Comment la ville rose, dont l’unité urbaine est comparable à celle de Nice, fait-elle pour avoir une dette bien moins élevée que la capitale azuréenne ? La réponse se trouve dans la gestion financière des transports en commun. En effet, représentant un coût extrêmement élevé, la ville du sud-ouest a décidé d’externaliser la dette liée à ces derniers. Ainsi, les 1,3 milliard d’euros de dette creusé par les transports ne sont pas affichés dans les comptes de Toulouse Métropole, mais dans ceux de Tisséo, l’opérateur des systèmes de transport public toulousain. Il en est de même pour Paris qui externalise une partie de son réseau de transport vers Île-de-France Mobilités, dont la dette avoisine les 8,7 milliards d’euros, et l’autre partie vers la RATP, dont la dette totale s’élève aux alentours de 5,6 milliards d’euros. Nous pouvons donc imaginer que, si Nice avait fait régler les coûts de constructions et d’entretiens de ses transports publics par un organisme externe, la capacité de désendettement de la collectivité serait très probablement réévaluée même niveau que celles des villes de même densité.