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Génocide Arménien : les Alpes-Maritimes commémorent les 108 ans de cette tragédie

Dans les Alpes-Maritimes, de nombreuses commémorations du génocide arménien se sont tenues. Il a été l'occasion, pour beaucoup de personnalités politiques, ou non, de rappeler l'importance du devoir de mémoire.

Commémoration dans le Jardin Albert 1er ©VilldeNice

Le 24 avril 1915 marque le début de ce que certains ont encore du mal à reconnaître : le Génocide Arménien. Entre 1915 et 1917, 1,5 million d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, d’intellectuels, d’écrivains, d’hommes politiques et de prêtres arméniens qui vécurent au sein de l’Empire Ottoman furent violemment assassinés. Les déportations de masse en direction de la Syrie contribuèrent à augmenter les pertes arméniennes, car, dans le désert, l’eau et la nourriture manquèrent. La diaspora arménienne étant très importante à Nice et dans les Alpes-Maritimes, plusieurs commémorations de ce tragique événement ont eu lieu.

Les commémorations

Lundi 24 avril, le Département des Alpes-maritimes a organisé une réception au Palais des roi Sardes, en présence du Président de la commission des finances du Département, Éric Ciotti, représentant Charles Ange Ginésy, Président du Département. Dans son discours, le député s’émeut que ce rassemblement ait lieu car c’est un “message de justice à l’égard de leurs descendants [arméniens] qui, aujourd’hui, veulent conserver cette flamme de la mémoire des atrocités commises il y a 108 ans“. Il précise ensuite qu’il est “important perpétuer ce devoir de mémoire pour éviter que le pire ne puisse se reproduire“. Dans un communiqué, le Département des Alpes-Maritimes souligne que le devoir de mémoire est un “rempart essentiel contre l’oubli ou la désinformation“. Était aussi présent à ce rassemblement, Alexandre Saradjian, porte-parole de la communauté arménienne de Nice, Gaëlle Frontoni, Vice-présidente du Département déléguée à la mémoire, au patrimoine culturel et aux anciens combattants, Auguste Vérola, Vice-président du Département délégué à l’Enfance et à la culture, Valérie Sergi, Vice-présidente du Département déléguée à l’Handicap, Bernard Chaix, Vice-président du Département délégué à l’insertion, l’emploi et le commerce, et des conseillers départementaux Bernard Asso, Vanessa Lellouche et Pierrette Alberici.

Le Jardin Albert 1er de Nice a quant à lui reçu la cérémonie officielle de la commémoration du 108ème anniversaire du génocide des Arméniens. La Sous-Préfète des Alpes-Maritimes, Patricia Valma, le député Éric Ciotti, le Très Révérend Père Khatchadour Boghossian, Guide spirituel de la paroisse de l’église apostolique arménienne de Nice, Jean-Christophe Picard, Philippe Vardon Anthony Borré, Premier Adjoint au Maire de Nice et Christian Estrosi, le Maire de Nice étaient, entre autres, présents. Le Président de la Métropole Nice Côte d’Azur a axé son discours sur la situation tendue que connaît actuellement l’Arménie. Il termine avec une touche d’espoir : “Alors aujourd’hui, nous ne marchons pas seulement pour commémorer les morts d’il y a un siècle, nous marchons aussi pour dire aux vivants d‘aujourd’hui que l’espoir est vivant avec nous et avec eux“.

Du côté de Villeneuve Loubet, en partenariat avec l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance, une commémoration s’est tenue sur la journée du samedi 22 avril, où une exposition a été installée dans le hall du Pôle Culturel Auguste Escoffier. Cette dernière a permis d’accueillir la projection du documentaire “Silence dans le Haut Karabagh” d’Anne-Laure Bonnel et la conférence « l’Arménie sacrifiée : 1915/2023 », animée par Alexandre Saradjian, le responsable conférence et culture de l’UGAB. La médiathèque Jean d’Ormesson a également mis en valeur ses ouvrages liés à la thématique de l’Arménie.

À Cannes, sur la promenade Charles Aznavour, devant la stèle des Arméniens, le maire David Lisnard et la députée Alexandra Martin ont commémoré l’anniversaire du génocide. Il en est de même à Antibes, où le Maire de la ville, Jean Leonetti et le député Eric Pauget ont rendu hommage aux arméniens.

“En Azerbaïdjan, ils ont institutionnalisé la haine anti-arménienne”selon le responsable niçois de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance

En lien avec les commémoration du Génocide Arménien, nous avons posé des questions à Alexandre Saradjian, le responsable des conférences et de la culture de la section niçoise de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance.

Alexandre Saradjian en Arménie pour une mission humanitaire avec des associations ©UGABFrance/YPAGBUNice

Dans les Alpes-Maritimes, beaucoup d’événements ont eu lieu pour commémorer l’anniversaire du génocide arménien, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Ça fait toujours plaisir de voir des mobilisations sur le territoire, encore que, je pense qu’on pourrait s’améliorer sur certaines choses, notamment en organisant des expositions sur le génocide, à l’image de ce qui a été fait à Villeneuve-Loubet. Ça permet, d’une part, de parler de la mémoire, de ce qu’il s’est passé 108 ans auparavant, mais aussi de parler de l’actualité, puisqu’il faut savoir que, malheureusement, l’Arménie et les arméniens ne sont pas en sécurité.

Vous êtes récemment allé en Arménie, pouvez-vous nous expliquer quelle est la situation actuelle ?

Il faut voir ça sous plusieurs angles. Déjà, il faut savoir qu’il y a eu une guerre dans un territoire contesté qui s’appelle le Haut-Karabakh. Cette guerre a fait plus de 5 000 morts du côté arménien et elle a fait beaucoup de déplacés aussi, notamment sur les territoires conquis par l’Azerbaïdjan. Les gens ont eu le choix entre la fuite et la mort. Il faut recaser tous ces gens là. Pour certains, ça a été facile parce qu’ils étaient paysans, ils ont pu se débrouiller un petit peu, mais derrière il fallait recaser toutes les familles. Il y a aussi ceux travaillaient dans des bureaux ou des petits commerces, ça a posé un vrai défi. Ces gens ont été re-localisés un peu partout en Arménie, parfois à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux, au milieu de villages ou de villes qu’ils ne connaissaient pas du tout. Ces gens sont du Haut-Karabakh, qui est une région montagneuse, où ils parlaient leur patois, où ces personnes vivaient un peu à part. Ils ont été déracinés, et il faut les réinsérer dans la société. Il y a beaucoup de femmes avec des enfants, dont les maris sont tombés au combat. La situation sécuritaire est aussi un problème, car l’Azerbaïdjan mène une politique de harcèlement, notamment aux nouvelles frontières. En Azerbaïdjan, ils ont institutionnalisé la haine anti-arménienne. On retrouve pas mal d’éléments du fascisme des années 30 dans le régime d’Aliyev : c’est un culte absolu du chef, il y a un discours militariste guerrier perpétuel et c’est une société qui est controlée de toutes parts. Il faut savoir qu’il y a 30 ans, les soldats azerbaïdjanais se trouvaient à plus de 100 kilomètres des grandes villes, maintenant, ils sont à une centaines de mètres. Avant, il y avait des routes qui étaient empruntées par tout le monde, aussi bien les Azéris que les Arméniens. On pouvait par exemple y transporter des troupeaux ou aller labourer des champs, maintenant, ce n’est plus possible. Les Azeris revendiquent une fermeture complète des frontières, et pire encore, certains se baladent sur les frontières arméniennes pour nous faire peur.

Que peut faire un pays comme la France pour améliorer la situation ?

Pendant la guerre, le Gouvernement français s’est plutôt illustré par une neutralité qui n’a pas beaucoup plu. La France a pris un peu position, par le coeur, pour l’Arménie, tout en restant neutre et en disant par exemple “les conflits doivent cesser des deux côtés“. Elle mettait les deux camps sur le même bord. Ce qui est attendu, c’est une prise de position diplomatique, au nom de la justice et de la réalité. Il y a une attente de la part des arméniens, c’est que la France envoie des armes défensives. Ce qu’ils veulent, c’est vivre en paix sur leur territoire et pouvoir se défendre en cas d’attaque. La dernière chose qu’il faut, ce sont des sanctions économiques contre l’Azerbaïdjan.

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