ingénieur prélevant de l’eau du bassin de traitement des eaux usées ©APchannel
Le projet vise à construire une nouvelle station en lieu et place de l’équipement existant, dont les premiers éléments datent de 50 ans, afin d’anticiper le vieillissement des installations, être en ligne avec les évolutions technologiques, et assurer une capacité de traitement suffisante pour répondre aux besoins futurs. La station, traite actuellement les eaux usées de 19 communes1 (soit 60% des eaux usées de la Métropole). A terme, le complexe permettra de recevoir également les effluents de 6 communes2 de la rive droite du Var, traitées aujourd’hui par la station de Saint-Laurent-du-Var.
La Métropole Nice Côte d’Azur est le maître d’ouvrage de cette opération, qui représente un investissement de 540 millions d’euros hors taxes réalisé dans le cadre d’un Marché Global de Performance (MGP), incluant également l’exploitation pendant 11 ans et 2 mois pour un montant global de 700 millions d’euros hors taxes. Compte-tenu de l’envergure du projet et de ses enjeux, la Métropole avait saisi volontairement la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) en 2021. La concertation publique s’est tenue début 2022.
L’appel à candidatures pour le marché de la conception, la construction et l’exploitation du futur complexe Haliotis a été lancé le 5 juillet 2021, suivi d’une phase de consultation des entreprises et de négociations jusqu’au choix par la Commission d’Appel d’Offre de la Métropole de l’attributaire pressenti, choix qui vient donc d’intervenir, à l’unanimité des membres de la CAO, réunissant des élus de la majorité et de chaque groupe d’opposition, ce jeudi 16 février 2023. La Commission d’Appels d’offres spécifique, désignée par le Conseil Métropolitain du 6 octobre 2022, présidée par Martine Ouaknine, a désigné le Groupement porté par Degremont (Suez) comme attributaire pressenti. La procédure a été menée dans un cadre sécurisé permettant de garantir le traitement égalitaire des candidats, et de préserver la transparence et la confidentialité des informations.
L’année 2023 et le premier semestre 2024 seront consacrés aux procédures d’obtention des autorisations administratives requises et à l’enquête publique. Le lancement des travaux interviendra au second semestre 2024, et se poursuivront jusqu’en 2030 avec une mise en service progressive des différents ouvrages. Ce phasage du projet permettra de garantir la continuité du service public de traitement des eaux pendant toute la durée des travaux.
Un projet qui s’inscrit dans le Plan Climat de la Métropole
Ce projet emblématique s’inscrit pleinement dans le Plan climat de la Métropole Nice Côte d’Azur qui a pour objectif la diminution de 55% des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. La Métropole a fixé au Groupement qui vient d’être désigné attributaire pressenti, l’excellence environnementale comme enjeu majeur du projet. Cette excellence environnementale se décline sous toutes sous ses formes :
➤ Pour la préservation du milieu marin et de la santé, et en garantissant la qualité des eaux de baignade
➤ Dans le domaine de l’énergie avec la sobriété énergétique, la production d’énergie verte sous forme de biométhane ou d’électricité photovoltaïque, la récupération de chaleur sur l’effluent et les boues
➤ Dans le domaine dela préservation de la ressource en eau avec la Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT) à grande échelle (4.8 millions de m3 annuels, soit le plus gros projet en France à ce jour) et une filière de traitement des micropolluants.
➤ Dans le domaine de l’intégration urbaine avec une maîtrise exemplaire des nuisances avec en particulier une conception sécuritaire du process garantissant « 0 odeur », « 0 impact sonore », une intégration architecturale et paysagère de grande qualité, la réduction drastique du transport par camions.
Une nouvelle réunion d’information du public se tiendra dans les prochaines semaines pour présenter dans le détail le projet lauréat.
Qui est Degrémont ?
Degrémont est une société française avec une riche histoire spécialisée dans le traitements des eaux. L’ingénierie du traitement des eaux Degrémont a été initiée au Cateau-Cambrésis (Nord) en 1904 par Émile Degrémont, puis établie à Rueil-Malmaison en 1939 par Gilbert Degrémont. Elle est devenue une filiale de Suez Environnement. Elle employait 5200 personnes dans soixante-dix pays et réalisait un chiffre d’affaires annuel de 1,397 Millards d’euros (chiffres 2012). Pour la petite histoire, elle a même voulu vulgariser le traitements des eaux usées notamment grâce au fameux Mémento technique de l’eau dont la première édition de 1950 a été suivie par neuf autres, la dernière datant de 2005. Faisant figure de référence dans le domaine, il a été traduit en anglais, allemand, espagnol et yougoslave. La société appartenant aujourd’hui à Suez détient plus de 500 brevets.
Non Suez n’est pas Véolia.
Depuis l’OPA de Janvier dernier, certains ont tendance à penser que Véolia ont pris contrôle de Suez. Sur les 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires de ce groupe, Veolia va en effet en récupérer 10 Md€, qui sont pour l’essentiel à l’international, ceci afin de respecter les règles antitrust. Le reste qui représente tout de même 7 milliards d’euros de CA va être cédé à un consortium d’actionnaires, les fonds Meridiam (40%) et GIP (40%), ainsi que la Caisse des dépots (20%) ; cela correspond à l’intégralité des activités dans l’eau et les déchets réalisées auprès des collectivités françaises (plus de 5 Md€ de CA), ainsi que 2 Md€ de positions essentiellement dans l’eau à l’international (Chine, Asie, Afrique, Inde, Australie). Ce « nouveau Suez » regroupera 35 000 collaborateurs contre 90 000 actuellement. Point crucial dans ce secteur très lié aux technologies, Suez va conserver tous ses moyens de R&D (les 150 ingénieurs du centre de recherche Cirsee, son activité construction (anciennement Degrémont) et ses brevets.
1 Liste des 19 communes raccordées aujourd’hui : La Turbie (partiellement), Cap d’Ail, Eze, Villefranche-sur-Mer, Beaulieu-sur-Mer, Saint-Jean-Cap-Ferrat, La Trinité, Saint-André de la Roche, Nice, Falicon, Colomars, Aspremont, Cantaron (partiellement), Tourrette-Levens, Castagniers, Saint-Blaise, Saint-Martin-du-Var, La Roquette-sur-Var, Levens.
2 Saint-Laurent-du-Var, La Gaude, Saint-Jeannet, Gattières, Carros, Le Broc.