Le 8 juin, c’est la journée mondiale de l’océan. Bon, d’accord. Des mots qui donnent bonne conscience. J’y pense et puis j’oublie.
Et puis il y a les images. Nettement plus dérangeant, les images. Surtout lorsqu’elles nous confrontent à nos contradictions. D’un coté, la mondialisation heureuse, la paix sur la planète grâce au commerce sans frontière et à la consommation (plus ou moins) partagée. La fin de l’histoire version Francis Fukuyama. Et en face, ou en même temps, la fin du monde, version destruction des mers et de leurs peuples, mammifères en tête. On pense à Soleil Vert (si vous n’y pensez pas c’est que vous ne l’avez pas vu, on ne l’oublie pas), plus de vie dans les océans et du coup la planète se meurt. Quel rapport ? 90% du commerce mondial transite par les mers.
La projection du film Sonic Sea, le 1er juin au CUM, a ouvert l’événement Océan 21 programmé par la ville de Nice jusqu’au 12 juin autour de la journée mondiale de l’océan (programme sur bmvr.nice.fr). On l’a vu. Et on a pris une claque.
Le document datant de 2016, on a échappé à Greta Thundberg, ce qui est toujours agréable et un gage de sérieux de la part des organisateurs. Mais on y voit Sting, engagé de longue date sur plusieurs fronts. Si d’aucuns entrent en écologie pour faire le show (et la couverture du Time), certaines stars savent se dégager du showbizz pour parler vrai, et c’est bien.
Sonic Sea, c’est l’envers du Monde du silence de Jacques Cousteau. L’intention est la même : rappeler l’importance du monde sous-marin. Mais le constat a évolué. La pollution aux hydrocarbures a son corollaire, le bruit. Celui des hélices des géants des mers. Celui des moteurs, des sonars.
Le bruit généré par la circulation dans les villes rend les humains fous. Le bruit généré dans la mer affole les mammifères. Et iIs en meurent.
Le film a raflé les Emmys en 2017. Autant on a toujours mieux à faire que regarder un nanar qui a eu la palme à Cannes (au festival, la ville n’y est pour rien…), autant les Emmys awards sont souvent intelligents. Et celui-ci ne déroge pas.
Intelligent, parce qu’on ne nous demande pas d’arrêter de commander sur Internet. Pas de leçon de morale infantilisante. Des solutions sont imaginées, concrètes, raisonnables, réalisables. Techniques. Et parce que des personnes y travaillent, en concertation (plus ou moins bien comprise) avec les acteurs concernés (compagnies maritimes, l’armée américaine).
La morale de ce film, outre qu’il n’y en a pas et que c’est une bonne chose, c’est de conjuguer un constat dramatique avec des solutions réalistes. C’est rare, et c’est motivant. Du coup on y pense autrement, et on n’oublie pas.