Philippe Vardon et Jean Moucheboeuf lors de leur rassemblement le 22 avril à Menton ©PhilippeVardon
Depuis le début de l’année, l’Italie subit une vague migratoire sans précédant, à tel point qu’au mois d’avril, Giorgia Meloni, la Présidente du Conseil des ministres, a déclaré “l’état d’urgence migratoire” pour 6 mois. Plus de 42 000 migrants y sont arrivés depuis janvier 2023 en Italie. Les Alpes-Maritimes, étant un département frontalier avec l’Italie, se voit donc aussi confronté à l’arrivée de nombreux migrants illégaux. C’est d’ailleurs la ville de Menton qui, durant les dernières semaines, s’est vu être au centre de l’actualité politique locale suite à la réquisition du gymnase du Careï par le Préfet, pour y accueillir des mineurs non accompagnés. C’est alors que des élus locaux de divers partis politiques, comme notamment Eric Ciotti, Alexandra Masson ou Philippe Vardon, se sont mis à l’unisson pour réclamer un renforcement de la frontière franco-italienne. Toutefois, Philippe Vardon et Jean Moucheboeuf, du parti Reconquête, ont organisé, ce vendredi 5 mai, une conférence de presse pour taper sur les doigts du Département, avec dans leurs viseurs, sa politique migratoire.
Pour bien faire comprendre que l’Europe, mais surtout la France, subissait actuellement une grosse vague migratoire, les deux élus ont énuméré beaucoup de chiffres. Ils ont, entre autres, rappelé que le nombre de mineurs non accompagnés pris en charge dans les Alpes-Maritimes a été multiplié par 28 en 8 ans, qu’il a augmenté de 39,6% entre 2021 et 2022, et que durant la semaine du 7 au 13 avril 2023, 110 mineurs isolés ont été pris en charge, c’est-à-dire plus que toute l’année 2003 (96). Pour les deux représentants de Reconquête, cela représente “un risque majeur pour la sécurité“. Pour justifier leur propos, ils se sont basés sur d’autres chiffres. Selon le rapport de la Mission mineur non accompagné, “Le 31 décembre 2021, 21,6 % des mineurs incarcérés en France étaient des MNA“. De plus, le parquet de Paris avait annoncé qu’en 2020, les mineurs isolés étaient responsables de 30% des cambriolages, de 44% des vols à la tire et de 32% des vols avec violence, ce qui représentait près de 80% des déferrements de mineurs. Philippe Vardon et Jean Moucheboeuf rappellent aussi que selon Christian Estrosi, “60% des trafiquants de drogue interpellés aux Moulins sont des clandestins” et que selon le rapport du bâtonnier des avocats, 60% des détenus de la prison de Nice sont étrangers.
Pour les deux élus, le Conseil Départemental serait “complice de la faiblesse gouvernementale“. En effet, ils dénoncent la position de Charles-Ange Ginésy, le Président du Département, qui demande “la réquisition de sites” pour héberger les migrants, ainsi que leur “répartition territoriale“. Ils dénoncent aussi Éric Ciotti, lequel aurait appuyé cette demande en envoyant des SMS au Ministre de la Justice. En outre, les représentants de Reconquête déplorent que, selon le budget prévisionnel de 2023 du Département, 12,3 millions d’euros du programme “Placement Enfants et Familles” soient consacrés aux mineurs non accompagnés. Ce chiffre aurait été revu à la hausse, il serait désormais à 20 millions d’euros d’après les deux personnalités politiques. Ce dernier aurait d’ailleurs décidé que “le nombre de places en diffus sera augmenté de 15% en 2023“, à la suite de quoi, Jean Moucheboeuf et Philippe Vardon demandent “à Charles-Ange Ginésy de donner la liste des hôtels réquisitionnées et le nombre de chambres mises à disposition des MNA“. Ils demandent aussi au Président de communiquer sur la capacité d’accueil et le taux d’occupation des 10 sites de mise à l’abri et d’accompagnement pour l’accueil des mineurs isolés, autorisés par le rapport 16 de la commission permanente du 3 mars 2023.
Les deux élus sont d’ailleurs revenus sur les 20 millions d’euros évoqués précédemment, estimants que cet argent pourrait être investi pour soutenir “nos anciens” ou “l’enfance en détresse“. “Si on s’occupait des nôtres avant les autres” ont-ils déclaré par la suite.
Pour conclure, Philippe Vardon et Jean Moucheboeuf réclament “du courage politique“. Ils le décrivent comme une “attitude de rupture“, qui refuserait de “faire payer encore et encore les contribuables des Alpes-Maritimes pour absorber les migrants arrivant toujours plus nombreux“. Leur vison du “courage politique” c’est aussi d’affirmer “que notre première frontière est en Méditerranée” et c’est “de soutenir sur le plan européen la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni“.