Repenser le vivant ©AlexandreDufaye
Ces photographies portent un regard sensible sur les paysages de la Camargue et des Salins de Giraud, sur un monde naturel, simultanément en proie à l’immobilisme et aux bouleversements. A travers des fictions personnelles, l’observation d’Alexandre Dufaye livre un récit qui invite à s’approprier des instants contemplatifs. Les deux séries de photographies présentées : « Retour sur Terre » et « Repenser le vivant » révèlent autant des espaces naturels qu’une géographie mentale, immortalisés dans l’imaginaire du photographe.
A un moment de notre histoire où les ambitions de notre connaissance de l’univers nous conduisent à dépasser les modèles classiques de la pensée, nous portons un regard modifié sur l’histoire de notre environnement humain et naturel, sur cette Zone critique * qui nous plonge au cœur du vivant. Nous sommes amenés à transformer nos représentations, notre rapport complexe à la Terre et à nous- même, ainsi que notre relation au temps. L’expérience du monde que nous habitons n’est-elle qu’individuelle ? Les événements dépendent-ils de la manière dont nous les expérimentons ? Le tout n’est-il qu’illusion ? Dans ce contexte, la photographie telle que la conçoit Alexandre Dufaye est l’extension d’une sensibilité qui cherche et offre à voir le flux de ces expérimentations.
L’exposition est la mise en commun de deux séries en couleur à grande échelle, issues d’un même site naturel : la Camargue. Un paysage où les bouleversements et les transformations passées, actuelles et à venir se lisent à même le sol ou à même le ciel. Nous y retrouvons les effets de l’action de l’homme qui compartimente la nature en fonction de ses besoins et de la puissance de cette dernière à nous intégrer. Il s’agit aussi de la puissance de la photographie à livrer une nouvelle histoire, celle proposée par Alexandre Dufaye. « Repenser le vivant » et « Retour sur Terre » activent une mise en abyme comme mécanisme d’enregistrement du paysage et la fiction personnelle comme méthodologie.
Les deux séries se comprennent comme des tableaux typologiques enchâssés de signes et plantent le décor d’un « ici et maintenant ». Elles révèlent l’interconnexion entre l’image et un imaginaire intérieur, qui peut être celui de chacun d’entre nous. Les deux séries sont caractéristiques du travail d’Alexandre Dufaye qui prolonge le moment de l’attente où quelque chose va commencer, ou se réaliser. Un moment d’incomplétude qui relie silencieusement toutes les choses du monde qu’elles soient visibles ou intangibles, conscientes ou inconscientes.
Les photographies d’Alexandre Dufaye ont été exposées à la Galerie Catherine Issert, au Salon Paris Photo 2022, à l’espace -Topographie de l’Art, à la galerie Chenel à Paris. Alexandre Dufaye est représenté par la Galerie Catherine Issert, Saint Paul de Vence.