Contrainte de déménager son salon en urgence, l’organisatrice estime que la démolition du Palais Acropolis va priver Nice d’un atout exceptionnel.
EDM – Vous êtes organisatrice de salons : pourquoi êtes-vous partie à Marseille ?
Sophie David – En 1990, mes parents ont repris le salon Bisous qui se tenait au Palais des Expositions depuis 1976. Nous connaissons bien l’histoire du Palais des Expositions et d’Acropolis (ndlr : qui font partie de la même entité) parce que mon père avait été directeur technique du premier puis du second avant de devenir organisateur du salon. Le 26 novembre 2021, alors que le salon était programmé le 15 janvier, j’ai reçu un texto d’un ami qui avait lu sur Facebook que le Palais des Expositions fermait pour être transformé en vaccinodrome. J’ai d’abord eu un contact avec Bernard Carré, le directeur du site, puis j’ai demandé un rendez-vous avec monsieur Estrosi, qui ne m’a jamais répondu. J’ai appelé Rudy Salles (président du conseil d’exploitation de la régie) mais aucune réponse officielle. J’ai appelé Anthony Borré (1er Adjoint au Maire de Nice), qui m’a raccroché au nez après m’avoir dit que la santé des Français passait avant les exposants. Pour précision, à ma connaissance, il y a eu trois vaccinations le samedi et le vaccinodrome était vide le dimanche. Mais monsieur Carré m’a juste précisé que de toute façon je n’aurai plus de place en 2023 et qu’il n’avait rien d’autre à me proposer car la mairie ne mettrait pas de solution alternative en place. Et depuis ces tentatives de contacts téléphoniques, qui remontent à fin novembre 2021, je n’ai jamais reçu un seul appel de la mairie. Je n’ai jamais reçu ni un mot d’excuse, aucun message, rien !
Vous n’exposiez pas à Acropolis même, mais au Palais des Expositions, lequel ne doit pas être démoli. Pourquoi ne reviendrez-vous pas ?
On m’a dit qu’il ne servirait plus de lieu d’expositions mais comme salle multi-activités sports et culture. J’ai conservé les articles qui parlent de cette transformation. Effectivement, j’ai pu constater qu’aucune date de manifestation, comme la Foire de Nice par exemple, n’est programmée.
Ce déménagement en urgence vous a-t-il été préjudiciable ?
Mon salon étant programmé pour le 15 janvier, il était complet à 90%, j’avais payé tous les acomptes, tous les contrats étaient finalisés, les invitations envoyées ainsi que les supports dans les magazines professionnels. Et en un week-end j’ai dû trouver une solution. Je remercie les exploitants du Parc Chanot (à Marseille) parce qu’ils ont été capables de me répondre immédiatement, mais j’ai néanmoins perdu plusieurs exposants dans cette affaire. Je n’ai pas attaqué la mairie pour ne pas me lancer dans des complications mais nous avons perdu plus de 300 000 euros dans cette opération, car des clients qui avaient engagé des frais sur Nice, ont refusé de se déplacer à Marseille et ils ont annulé leurs contrats avec nous. Les hôteliers avaient refusé de leur rembourser leurs réservations, ce que je comprends car il s’agissait de grosses sommes, d’autant plus que les hôteliers vont aujourd’hui vers de grosses difficultés.
Vous reviendrez à Nice ?
Vu le comportement de la mairie à mon égard, même si on reconstruisait un jour un palais des Congrès à Nice et même si j’étais invitée, je ne reviendrais pas. Nous sommes des professionnels, nous ne pouvons pas être traités avec autant de légèreté. De toute façon, c’est surréaliste de détruire un Palais des Congrès avant d’en avoir construit un nouveau ! Madame Piétri (ancienne directrice du Palais et présidente de l’ICCA, International Congress and Convention Association) doit se retourner dans sa tombe ! Quand on se souvient de tous les congrès et toutes les manifestations qui se sont tenus à Nice depuis Acropolis. Construire une structure excentrée, pourquoi pas, cela existe dans d’autres villes, mais nous avions la chance d’avoir une structure en centre ville, c’était un atout formidable. Détruire ça, c’est aberrant ! Les exposants adoraient sortir dans le Vieux Nice, aller sur la Promenade entre midi et deux. Chez nous, en janvier, la météo est douce. Un lieu au centre de Nice permettait de conjuguer affaires et plaisir. Se priver de cela, c’est un non sens.