Les trois compères lors du Grand Prix de France au Castellet, en 2019 ©FrançoisFlamandAFP
Mais qu’est ce qu’ils leur ont pris ? Cette question trotte dans la tête des initiés de la politique locale et du concitoyens maralpins. Dans cette article, nous aborderons trois axes : le rappel de l’affaire de manière succincte puisque les journalistes de Blast ont fait un travail exceptionnel (liens de l’article que nous vous donnerons), le communiqué de soutien et nous nous expliquerons en quoi ce communiqué est une erreur politique, certainement associer au corporatisme politique et à une précipitation non réfléchie.
Pratique de l’ancien temps vaut condamnation
Le Baron toulonnais a été condamné ce vendredi à une peine de 3 ans de prison avec sursis et une peine d’inéligibilité de 5 ans à effet immédiat par le tribunal correctionnel de Marseille pour recel de détournement de fonds publics. Hubert Falco, élu depuis 2001 à la mairie de Toulon, ancien député de 1988 à 1995, ancien sénateur de 2010 à 2017 et ancien président du conseil départemental du Var de 1994 à 2002, ancien plein de choses, a profité de frais de bouche et de blanchisserie depuis deux décennies aux frais du contribuable. Repas gratuits (week ends inclus), services d’une maître d’hotel et blanchisserie du Conseil Départemental avec l’accord de ses fidèles qui siégeaient au Conseil Départemental du Var auront coûté 285 000 € sur les 16 années d’infraction, ramené à 60 000 euros sur la période non couverte par la prescription. Elle est pas belle la vie ?
Les révélations ont commencé lorsque le Canard Enchainé et Var Matin ont révélé qu’une déléguée syndicale a alerté la Chambre Régionale des Comptes et le Parquet National Financier sur des repas offerts en dehors de tout cadre légal. Pour répondre à ces accusation, l’avocat de l’édile à déposer deux plaintes pour dénonciation calomnieuse et diffamation. Mais c’est à la suite de l’audition de la syndicaliste, que le procureur toulonnais va ouvrir une enquête.
Malgré les témoignages et pièces qui s’empilent sur le bureau du procureur, les fidèles du baron toulonnais ont adopté une stratégie qui visait à mettre un maximum de pression sur la syndicaliste et le cuisiner en minimisant de manière farfelue le préjudice des frais de bouche du maire de Toulon. Menaces de mort, vieux rapport chargeant le cuisiner transmis à la police, dénonciation de complot politique, tout a été fait pour les décrédibiliser et enterrer l’affaire. Malheureusement le rapport accusant le cuisiner d’utiliser du nom du maire pour soutirer des enveloppes à des fournisseur, et les pressions exercé sur ce dernier, Laurent Defraize est retrouvé pendu le 11 mars 2020. Mais les enquêteurs ne se sont pas laissés dupés par ces manoeuvres indignes et le 7 octobre 2021, Hubert Falco passa la nuit en garde-à-vue dans une geôle marseillaise. Expérience dont il garda un goût amer certainement parce que son repas n’a du pas être livré.
Voyant sa ligne de défense s’effriter de jour en jour, le baron toulonnais a eu la lumineuse idée de se rendre à Paris avant l’audition des policiers le 29 septembre 2021. Le but de ce voyage loin de la rade : une rencontre avec un collaborateur du Président de la République pour essayer d’étouffer l’affaire, avec en prime un rendez-vous avec Gérald Darmanin, confirmé le 6 octobre 2021 à la veille de sa garde à vue. Mais ce que ne savait pas le bon Hubert, c’est que ce dernier était sur écoute téléphonique. Du pain bénit pour les enquêteurs. Ses soutiens officiels sentant la patate chaude, ne se sont plus faits d’illusions sur l’issue de l’affaire.
Au terme de 4 jours de procès, ce vendredi 14 Avril 2023, la sentence est donc tombée. Touché, coulé pour le baron toulonnais qui a été condamné à 3 ans de prison avec sursis et 5 ans d’inéligibilité immédiate pour recel de détournement de fonds publics. Il devra donc rendre ses mandats. Marc Giraud, l’ancien président du Conseil Départemental du Var contraint d’abandonner son fauteuil en 2022, après une autre condamnation pour détournement de fonds publics, a été à nouveau condamné, pour les mêmes motifs mais cette fois-ci à deux ans de prison avec sursis, 15 000 € d’amende et cinq ans inéligibilité. Des élections ne sont pas à prévoir du coté de la rade. Un nouveau maire devrait être élu par le Conseil Municipal. Et si un pléthore de témoins et soutiens abondent vers Hubert Falco, il ne manquera aux initiés de la politique varoise, aux toulonnais puisque certaines pratiques du clan Falco étaient bien connues. Seuls les naïfs se désoleront.
Nous vous invitons à lire l’article de Blast qui est le plus complet à ce jour. Vous y trouverez aussi les pièces judiciaires.
La lettre d’amour de nos édiles
Le Président de la Région PACA et le Maire de Nice ont affiché leur soutien à Hubert Falco à travers un communiqué. Il indique que « le tribunal correctionnel de Marseille vient de condamner notre ami Hubert Falco. S’il ne nous appartient évidemment pas de commenter une décision de justice, nous voulons lui témoigner de toute notre amitié et de toute notre estime”. Ensuite, les deux compères ont rendu un hommage au Maire de Toulon : “depuis 2001, Hubert Falco a œuvré avec l’amour et la passion que chacun lui connait pour transformer le visage de sa ville, la moderniser et en faire une grande métropole euroméditerranéenne. Cet amour de Toulon, dont il est et restera le meilleur ambassadeur, ce sont les Toulonnaises et les Toulonnais qui lui en sont le plus reconnaissants puisqu’il y a moins de 3 ans, ils lui ont, une fois encore, renouvelé leur confiance dès le premier tour”.
Ils estiment également que “beaucoup de nos concitoyens rêveraient d’avoir un jour un Maire comme Hubert Falco pour servir leur commune et assurer l’avenir de leurs enfants. Grand serviteur de Toulon, Hubert Falco est aussi un grand serviteur de l’Etat puisqu’après avoir été plusieurs fois Ministre des Présidents Chirac et Sarkozy, le Président de la République Emmanuel Macron lui avait récemment confié une mission nationale sur la modernisation de la sécurité civile et la protection contre les risques majeurs, au regard de sa grande expérience du sujet en région Provence- Alpes-Côte d’Azur”. Ils concluent qu‘aujourd’hui, alors que cette épreuve vient le toucher, nous voulons lui redire notre amitié et lui renouveler notre soutien“.
Une erreur politique du Maire de Nice
Il y a des situations où l’annonce d’un soutien se fait en privé, mais le Maire de Nice a préféré sortir le communiqué. Concernant Renaud Muselier, ça ne nous étonne pas, il est marseillais, chacun chez soi. Mais en quoi soutenir le Maire de Toulon condamné est-il une erreur politique ? Voilà une question à laquelle nous allons répondre.
Premièrement l’utilisation des logos de la Région, de la Ville de Nice et de la Métropole Nice Cote-d’Azur sur ce communiqué étonne. En effet, Christian Estrosi aurait du parler en son nom et non en sa qualité de Maire de Nice, Président de la Métropole pour témoigner son amitié et son estime. Une décision de justice a été rendue, les services de la Ville de Nice, de la Métropole ainsi que les Maralpins ne sont pas concernés. Ne parlons même pas de l’opposition qui doit être loin de soutenir le baron toulonnais. Cette erreur est à mettre certainement sur de la précipitation non réfléchie en plus du corporatisme politique auquel les élus ont l’habitude de prendre part.
Dans un second temps, l’édile de Nice affirme que “beaucoup de nos concitoyens rêveraient d’avoir un jour un Maire comme Hubert Falco pour servir leur commune et assurer l’avenir de leurs enfants”. Non merci. Si nous pouvons comprendre qu’il affectionne une certaine amitié envers son collègue toulonnais, le Maire de Nice méconnait grandement les fonctionnements de la Métropole toulonnaise, de sa mairie et du Conseil Départemental varois. Nos services métropolitains n’ont rien à envier à la Métropole toulonnaise dans son fonctionnement, ni dans sa capacité à appliquer une vision et à réaliser des projets. Pour rappel, même si il est à l’origine de la création de la Métropole toulonnaise, le centre ville de Toulon est à la mort, les commerces ont vu diminuer leurs activités d’années en années, Toulon Ouest est à l’abandon etc… Son seul fait d’arme récent, la Halle. Ne nous parlez pas de rugby, le regain de Toulon à travers le Rugby est à attribuer à Mourad Boudjellal et la famille Lelièvre à son début. La “prime d’immobilisme” a souvent été la politique de Hubert Falco. “Rien faire est mieux que d’avoir une vision même si elle est contestée. Telle est la politique toulonnaise depuis des années” comme nous expliquait un cadre de l’administration toulonnaise.
Il aurait été judicieux que Christian Estrosi affiche son soutien au maire déchu en privé. Au regard de la population, son soutien public est critiqué, surtout que pour l’instant, notre édile doit rester concentrer sur les nombreux projets qui concernent notre Métropole et notre cité. Les concitoyens français vont mettre les soutiens d’Hubert Falco dans le même panier et les affidés d’Emmanuel Macron n’ont pas le vent en poupe en ce moment. Les critiques fusent et l’image qu’il renvoie n’est pas bonne. Une image dont Christian Estrosi n’a pas besoin. Alors chers élus Maralpins, gardez-vous d’aller commenter publiquement les affaires situées au delà de la frontière Maralpine ou faites-le discrètement. Ca sera bénéfique pour votre image, et ça nous évitera de nous faire monter la tension lorsque nous relatons l’actualité politique Maralpine.