Retour sur la première édition des rendez-vous du GreenDeal avec les experts du GIEC et du Haut Conseil pour le Climat

Un lieu d’exception, une salle comblée d’élus, de chefs d’entreprises et d’intervenants de qualité, la première édition des rendez-vous du GreenDeal ne pouvait être qu’enrichissante et ce fut le cas. Le président du Conseil Départemental, Charles Ange Ginesy, a donné le ton lors de l’ouverture de cette 1ère conférence-débat : “La recherche et l’expertise scientifique doivent nourrir le débat public de manière éclairée, et nous permettre d’asseoir les orientations que nous prenons en tant qu’élus” mais aussi en tant que chef d’entreprise ou plus simplement en tant que citoyen.
Après avoir rappelé le lancement de l’Observatoire de l’eau début septembre, dans lequel l’UPE 06 sera représenté, le président du CD06 énonce que l’influence humaine sur le réchauffement planétaire, fait scientifique établi, ne faiblit pas. Des perspectives qui sont très alarmantes et dont les alertes des experts ne sont pas à prendre à la légère. Entre la tempête Alex, les pluies diluviennes et la sécheresse, le territoire maralpin est également témoin des changements actuellement en cours. L’été 2022 restera comme l’été de tous les records : 23 feux de forêts entre juillet et septembre, plus de 60 nuit tropicales consécutives à Nice, une mer Méditerranée en surchauffe.

Ce fut au tour de Pierre Ippolito, président de l’UPE06 de s’avancer vers le pupitre. Il a rappelé que face aux changements climatiques que nous vivons, une transition doit être mise en place sans opposer le monde de l’entreprise et l’écologie afin d’anticiper au mieux les impacts économiques du réchauffement climatique. La transition écologique va engendrer d’énormes coûts à la fois pour les entreprises et les ménages afin d’atteindre les objectifs de developper une économie 0 carbone d’ici 2050. Mais il faut y voir aussi des opportunités en matière d’innovation et de recherche ainsi que dans la création d’emplois. Par exemple, le secteur de la rénovation énergétique emploie actuellement plus de 100 000 personnes. La transition écologique s’effectue aussi par le changement d’habitude, et le verdissement des emplois ou par l’autoconsommation électrique des TPE et PME par des moyens photovoltaïques ou autres moyens. Il n’y a pas un modèle unique de transition pour les entreprises mais ces dernières devront réaliser leur transition écologique en fonction de son ADN avec pragmatisme, capital humain et croissance responsable. L’écologie par la décroissance minerait le morale des entreprises affirmait-il. Il évoque aussi la difficulté des entreprises qui innovent face à la concurrence. Un produit à faible empreinte carbone a un coût de vente plus élevé. Il préconise la mise en place d’un taxe carbone aux frontière de l’Europe, non par pour adopter une doctrine protectionniste mais dans le but de rendre la concurrence un peu plus égalitaire. Pour le président de l’UPE06, les entreprises et les élus devront travailler ensemble aux solutions de demain.

Puis arriva Christophe Cassou…. Climatologue, directeur de recherche au CNRS et auteur principal du 6e rapport du GIEC. Bref un bol d’air dans un paysage médiatique où Bernard Henry Lévy et Cyril Hanouna sont considérés comme prêcheurs de bonne parole à usage multiples. El professeur Cassou a rappelé en prémices que l’horloge climatique tourne et il faut faire vite. Le déni de l’urgence climatique n’est plus une option. Le changement climatique est une menace pour notre écosystème et l’être humain. En effet, l’air est la plus carbonée depuis 2 Millions d’années, la fonte des glaciers et la montée des eaux les plus rapides depuis 2000 ans. Et pour la température, il faut retourner 100 000 ans auparavant pour connaître un équivalent. 
Mais à la différence de votre beau-frère, végan ascendant bobo, dont le régime alimentaire est exclusivement composé de tofu et qui serait venu vous sermonner lors du dernier barbecue dominicale, le directeur du CNRS, lui, explique le travail qui a été réalisé par le GIEC avec minutie et faits scientifiques. 
Le rapport du GIEC est une méta-analyse qui constitue le socle commun des connaissances climatiques sur lequel les actions doivent s’appuyer. Il permet d’évaluer des questions économiques, sociales, et scientifiques. Chaque mot a été choisi préalablement. Ils portent sur des faits scientifiques de la littérature scientifique. C’est la différence fondamentale entre l’opinion et les faits scientifiques.
Pour ceux qui douteraient de la valeur des rapports du GIEC, ce sont plus 66 000 publications scientifiques examinées, 782 scientifiques de 90 pays différents. Ce sont aussi plus de 200 000 commentaires, plus de 3000 experts de 92 pays qui ont relu les rapports et un peu moins de 50 gouvernements sur la dernière version. Et enfin une approbation en virtuel avec plus de 186 heures en 11 jours. 
Ensuite, Christophe Cassou nous a exposé les différents et possibles futurs climatiques à travers des scénarios narratifs socio-économiques avec des hypothèses géopolitiques, économiques, sanitaires, financières etc… Ne nous leurrons pas, ce n’est pas joyeux. La température augmente en France et de manière plus véloce que la moyenne mondiale. Le nombre de canicule a été multiplié par deux. En 2050, il serait estimé une augmentation de + 2.7*C  et 3.7*C à la fin du siècle avec des canicules rafraîchissantes à plus de 50*C. La neutralité carbone est une contrainte géophysique et non un slogan politique ou écologique. Nous arrivons aux limites de l’adaptation et elles sont déjà dépassées pour certains écosystèmes.

Pour conclure, Christophe Cassou affirme que le changement climatique n’est pas un problème physique, technique mais un problème politique (faire société, relation aux vivants, aux communs, etc.) “Le changement climatique nous impose de la lucidité, de la cohérence, du courage, de l’éthique et de la solidarité “. Nous vous laissons méditer sur ces dernières paroles…