Clap de fin pour les championnats du monde de Méribel et Courchevel ©MéribelCourchevel2023
Cette année, les meilleurs skieurs de la planètes ont posé leurs valises à Méribel et Courchevel pour les championnats du monde de ski alpin. Mais replongeons nous un peu dans l’histoire pour tout savoir de cette compétition. L’idée d’un championnat du monde de ski alpin arrive les années 1930. Le premier événement marquant du cirque blanc est bien évidemment les JO de 1924 à Chamonix. Cependant, il n’y a pas de disciplines de ski alpin, peu connu et peu répandu à cette époque. C’est alors, que 4 ans plus tard, arriva la première course reconnue mondialement dans le sport : l’Aarlberg-Kandahar. Cette compétition regroupe les disciplines du slalom et de la descente, créant donc le combiné (encore d’actualité aux JO et championnats du monde). L’épreuve se dispute encore aujourd’hui et est organisée à Garmisch-Partenkirchen, St-Anton ou encore Chamonix. Après la réussite de l’organisation de l’A-K, la FIS (Fédération Internationale de Ski), accepte de créer un championnat du monde de ski. Ainsi, en 1931 a lieu la première édition à Murren, en Suisse. Regroupant au départ seulement 4 épreuves, elle en compte désormais 13. Dans un premier temps organisé tous les ans, la compétition s’arrête de 1939 à 1948 en raison de la guerre, puis, est organisée tous les deux ans. Il faut préciser que contrairement à la coupe du monde de ski, les championnats du monde récompensent les participants sur une seule course.
Ces 47e championnats du monde se sont donc déroulés sur les pistes françaises. C’est la quatrième fois, que le pays du coq accueille cet événement, après Chamonix en 1962, Grenoble en 1968 et Val d’Isère en 2009. C’est également la première fois qu’il se déroule dans deux station différentes. Enfin, il faut souligner que Méribel et Courchevel rejoignent un cercle très fermé de 7 stations, ayant accueilli les championnats du monde ainsi que les jeux olympiques (Albertville 1992 pour les deux stations savoyardes). Une 47e édition, marquée par la volonté des organisateurs de faire les choses en grands, ce ne sont pas moins de 150 000 spectateurs du monde entier qui se sont déplacés pour assister au spectacle. Une moyenne de près de 15 000 à 20 000 spectateurs par jour sur la quinzaine, cela rappellerait presque Schladming. Il faut également souligner que les championnats du monde sont le deuxième événement le plus important du cirque blanc après les jeux olympiques. Diffusé dans près de 110 pays, et comptant environ 1000 heures de retransmission, c’est environ 500 millions de téléspectateurs qui ont vécu ces mondiaux. A noter également que Eurosport a enregistré son record d’audimat pour des championnats du monde depuis 10 ans, avec un cumul de 1,4 millions de téléspectateurs sur l’ensemble de la quinzaine. De plus, ce sont 1800 médias qui ont été accrédités, et pas moins de 1200 bénévoles déployés pour encadrer l’événement.
Le comité d’organisation voulait également un événement “écoresponsable”. Ainsi, la volonté d’obtenir la certification ISO 20121 était l’un des objectif pour ces mondiaux. Les organisateurs ont donc pris quatre engagements principaux, comme le révèle ‘ecolosport’ : “préserver l’environnement dans lequel évolue la compétition – la montagne et son écosystème -, faire de l’organisation un événement responsable et local, qui permet l’inclusion et qui soit accessible, tout en laissant un héritage durable. Concrètement, cela passe par les actions récurrentes en matière d’événementiel : assurer une économie circulaire en développant une politique d’achat plus raisonnée, en anticipant la seconde vie des matériaux ” .
Le camp français entre désillusions et espoir
Lorsqu’il faut dresser un bilan, il n’est pas toujours évident de se détacher des chiffres. Deux petites médailles au compteur de l’équipe de France pour “ses mondiaux ” , les deux glanés par Alexis Pinturault. Un bilan bien sur trop maigre pour rassasier les dirigeants français, qui avaient fixe l’objectif de “de 3 à 4 médailles”. Au passage, ce bilan reste le pire depuis l’édition de 2009 à … Val d’Isère. Toutefois, il faut rester lucide et reconnaitre que tout n’a pas été noir durant la quinzaine pour les bleus. Ces championnats du monde à domicile ont été le témoin du passage de flambeau entre l’ancienne à la nouvelle génération. Exit les Worley, Clarey, Noens, et place aux Lamure, Pogneaux ou encore Elezi-Cannaferina. Dans une équipe de France vieillissante, bien que toujours performante (en atteste le gain du globe de géant de Tessa Worley la saison dernière, et la deuxième place de Clarey à Kitzbühel), les jeunes ont été lancés dans le grand bain. Marie Lamure s’est battue pour la médaille en parallèle et les autres ont engrangé de l’expérience essentielle pour leur apprentissage. Une passation de pouvoir donc, comme pour adouber cette nouvelle génération qui pousse fort au portillon de départ.
En ce qui concerne uniquement le bilan comptable de ces mondiaux, bien sur que la déception reste grande. Il ne faut pas oublier que lors de la dernière édition, à Cortina en 2021, la France avait terminé avec 5 médailles, dont deux en or (Mathieu Faivre en Slalom Géant et en parallèle). Cette performance avait donc permis aux tricolores de prendre la 3e place au classement des médailles derrière la Suisse et l’Autriche. Cette année, le pays organisateur ne pointe qu’au 6e rang, à égalité avec l’Allemagne. Une performance décevante, mais qui a tout de même ravi le public. Car oui, au final les médailles ne sont pas au rendez-vous, mais les frissons l’ont été. D’abord en descente, où Maxence Muzaton aurait pu être la belle histoire de cette quinzaine. N’étant d’abord pas sélectionné, il remplace finalement Cyprien Sarazzin et prend une superbe 6e place. En parallèle, Marie Lamure (21 ans) était toute proche de s’offrir le bronze, avant qu’elle ne déchausse. Pour Tessa Worley, c’est une chute qui prive la skieuse du Grand Bornand d’une médaille quasi certaine. Enfin, Pinturault n’était pas loin d’ajouter une nouvelle breloque à sa collection, mais il finit 6e du géant. Pour terminer, Clément Noël était tout proche d’aller chercher une première médaille mondiale, mais les centièmes n’ont pas été de son côté. Pour 3 centièmes, le bronze se transforme en chocolat. Finalement, bien que le comptable fait la moue, les frissons ont été à la fête.
Des retombées qui ruissellent dans les vallées
Organiser le deuxième événement le plus important (après les JO), ce n’est pas rien, et ça a un coût. Partie sur une estimation de 47,5 millions d’euros (dont les 6 millions de l’organisation des finales de coupe du monde la saison dernière), cette somme devrait finalement s’élever à 51 millions d’euros, comme le révèle ecomedia. Une organisation poussée par les collectivités locales notamment. Ainsi, ces dernières, avec l’Etat investissent 14,7 millions, l’Etat finance également à auteur de 3,5 millions, la région Aura donne 2,5 millions, Le Département de la Savoie associé au conseil Savoie Mont-Blanc ont injecté 2 millions, et enfin les stations de Méribel et Courchevel ont investi 6,7 millions (à part égales). Au niveau des retombées, l’organisation attend à ce que la billetterie rapporte près de 800 000 euros et les merchandising environ 370 000 euros.
Mais les retombées ne sont pas uniquement économiques. En effet, à l’image des JO d’Albertville et de Grenoble, les installations seront réutilisées. Ainsi, la piste de l’Eclipse, à Courchevel, a été créée spécialement pour ces mondiaux, la piste du Roc de Fer, à Méribel, a été remise aux normes (elle avait servi pour les JO d’Albertville en 92). Le bâtiment qui accueillait le comité d’organisation va être transformé en espace sportif polyvalent. Enfin, l’évènement a permis d’installer la fibre privée et d’améliorer le pôle multimodal de Moutiers, comme le révèle Jean-Yves Pachod. Il faut également souligner le rayonnement international qu’a eu durant la quinzaine le domaine des trois vallées, une donnée importante qu’il ne faut pas sous estimer. Les montagnes françaises ont donc montré au monde du ski, qu’elles étaient capables de réussir à organiser de grands mondiaux.