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Cabinets conseils : c’est arrivé près de chez nous

Y- a-t-il des cabinets de conseil privés qui conseillent nos institutions locales et quelles sont leurs missions ? Voilà une question à 36 millions d’euros maximum sur 4 ans à laquelle nous allons essayer de répondre.

Jouissant d’une forte médiatisation depuis les scandales McKinsey, les cabinets de conseil ont le vent en poupe en ce moment. Les opposants au gouvernement reprochent unanimement à ces officines la surfacturation de conseils peu ou pas nécessaires, leur optimisation fiscale qui leur permet de payer peu ou pas d’impôts et leur utilité. Mais il serait intéressant de se poser la question de l’existence de tels cabinets à des échelons inférieurs de l’administration.

Plus précisément, existe-t-il des cabinets conseillant nos institutions publiques maralpines ?

En y regardant de plus près, nous pouvons observer que la Métropole Côte d’Azur a contracté le 28 octobre 2020 avec trois cabinets de conseil à travers un marché public Accord-Cadre (*) à bon de commande. Un marché de 12 mois renouvelables trois fois pour un montant maximal de 36 millions d’euros soit 9 millions d’euros maximum par an. Les entreprises choisies sont Ernest and Young Advisory en tant que mandataire du marché et Ernest and Young Avocats et Carabacel Conseil en tant que co-traitants. Si Ernest and Young, dont le siège est situé à Londres, est une société expérimentée et connue mondialement pour ses conseils, la société Carabacel Conseil, elle, n’a été que récemment créée (2019) et possède donc peu d’expérience de facto.

Si nous nous penchons sur le détail, nous y trouvons la Chambre de Commerce et de l’Industrie en qualité de président. D’après nos informations, Jacques Lesieur y figurait aussi. Certaines mauvaises langues diront qu’il prodiguerait des conseils sur les emplois familiaux, rappelant que quelques faits reprochés à ce dernier ont été mis en lumière dans le rapport de l’Agence Française Anticorruption.

Nous ajouterons que selon la provenance et le degré d’intervention de cabinets de conseil extérieurs dans la gouvernance et les orientations politiques de l’administration, des questions de sécurité publique peuvent alors se poser, surtout dans un monde géopolitico-économique connecté et complexe où la data économique reste un enjeu important.

Avant de s’offusquer à la lecture de ces montants, intéressons-nous à leurs prestations. Selon la Métropole, ces cabinets de conseil ont pour mission de réaliser des prestations d’intelligence économique et sectorielles c’est-à-dire la fourniture d’informations en vue de projets opérationnels pouvant être relatifs à l’implantation de nouvelles entreprises, à l’expertise de projets, à l’intervention d’un élu ou à l’organisation d’événements. Mais aussi la fourniture d’études stratégiques pour la gouvernance de la Métropole et visant la mise en œuvre de nouvelles mesures, dans le cadre des orientations de la politique de développement économique, ou plus généralement, les orientations de toute politique menée dans l’un des domaines de compétence de la Métropole, la création de nouvelles infrastructures et de nouveaux pôles.

Et encore la fourniture d’outils de veilles informationnelles et réglementaires sur l’ensemble du territoire de la Métropole et de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, des différentes filières, des nouvelles infrastructures.

Des descriptions de prestations qui laisseront certains perplexes.

Il reste surprenant que la Métropole NCA ne se soit toujours pas dotée d’un pôle dédié aux questions économiques.

Afin de mieux connaître les missions, il serait intéressant d’avoir la connaissance des contenus de ces prestations d’intelligence économique sur l’exercice 2021, d’en évaluer la pertinence et d’avoir le retour d’expérience à la suite de cet exercice.

Vous en conviendrez, le montant maximal alloué à ces études quant à leur pertinence peut légitimement nous interpeller en pleine période de McKinseyGate. Surtout quand il s’agit de matière grise difficilement chiffrable et généreusement rémunérée par les deniers du contribuable.

Il reste surprenant que la Métropole NCA, aussi puissante soit-elle en termes d’effectifs et de budget, ne se soit toujours pas dotée d’un pôle dédié aux questions économiques. Sans rentrer dans les détails d’une création d’un nouveau pôle, ou de services stratégiques internalisés, il aurait été judicieux de créer une synergie entre les différents services métropolitains en lien direct ou indirect avec l’économie et les institutions économiques locales telles que la Chambre de Commerce et de l’Industrie ou l’UPE, afin de les faire travailler sur des études similaires sans pour autant passer par des marchés publics concernant la fourniture de prestations d’intelligence économique. Ces dernières ne sont-elles pas les mieux placées pour connaître les besoins en termes de politique économique de notre bassin maralpin ?

N’est-ce pas aussi le rôle des institutions économiques locales que de conseiller les politiques économiques maralpines entreprises à court, moyen et long terme ?

Pour conclure, les cabinets de conseil externes peuvent être utiles sur des problématiques spécifiques où les services métropolitains ont des difficultés à répondre. Mais ces prestations doivent être utilisées avec parcimonie et être contrôlées. Il faudra être vigilant en particulier sur la cohérence de la valeur marchande des études et sur la portée d’efficacité de ces prestations. Pour reprendre la formule du maire de Cannes David Lisnard : « dans toute entité complexe, on a besoin d’un tiers sachant, mais là c’est comme le cholestérol, il en faut mais pas trop. »

(*) Marché Public N°19N0267-00

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